dimanche 1 février 2009

L'itinéraire



Les photos




1- EN TANZANIE

Stonetown, capitale de Zanzibar. Un fantôme sous le baobab.



Plage de Bweeju, Zanzibar.
Les élèves apportent ces feuilles tressées à l'école, qui les revendra aux habitants. En échange, la scolarité est presque gratuite.


Zanzibar. Ils jouent aux dames avec des capsules de sodas.


Arusha, au pied du Kilimandjaro, dans une villa d'expatrié. Tita le Massaï enregistre mon numéro dans son téléphone portable.


Inguikaret, minuscule village massaï près de la frontière kenyanne. C'est ici que vit la famille de Tita.



Tout le monde est berger au village - cinquante habitants, deux cent chèvres. Les enfants portent des sandales découpées dans des pneus pour ne pas s'écorcher les pieds.


Loïshiro, le meilleur ami de Tita. Lui aussi enregistre mon numéro dans son téléphone portable. Il n'y a pas d'électricité mais le chef possède un générateur.


"Devine d'où je t'appelle ?"


Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent.



Retour à Arusha. Tita rejoint sa baraque en tôle, au pied d'un building de verre.


Les routes sont de moins en moins bonnes, les cars de plus en plus déglingués.
Je commence à la sentir, l'Afrique.


Panne de moteur. Il faut changer de car.



Matin du 1er janvier 2008, dans "l'express" Dodoma-Kigoma.
Le train roule à 40 km/heures et fait escale à toutes les gares.


Sur le lac Tanganyika, à bord du Maman Benita.
Le capitaine a mis son uniforme pour la photo.


Pause casse-croûte avant la nuit : de la chikwangue enroulée dans des feuilles de bananes. Paris est loin.

2- AU CONGO R.D.C.

Kalemie, Congo. Il faut slalomer entre les trous et les bosses.


Joseph Kabila, le chef de l'Etat.
Les écoles ferment faute de moyens financiers, les hôpitaux sont déglingués, les routes n'existent plus ; le Congo RDC est le pays le plus riche en ressources naturelles de toute l'Afrique.


Les habitants sont pris à la gorge, en quelque sorte.


Mais il reste toujours la religion pour espérer.



La sape congolaise !


J'ai bu l'apéro avec Moïse....

... Et j'ai fait de la barque avec Noé !


Le photographe.





Le vélo, moyen de transport n°1.


Le salon de coiffure "droit chemin".
Halte obligatoire pour les sapeurs de la brousse...


Sur le fleuve Congo, enfin !


Il faut compter une petite semaine pour relier Kindu à Ubundu en pirogue. Pas de moteur, il faut pagayer - l'essence est rare dans cette région reculée.


Jambo !


Un Muzungu armé d'un appareil photo ? C'est l'émeute au village.



Ploc ploc ploc ploc ploc, une scène de pilage. De manioc.


Un baptême. Les missionnaires évangéliques sont présents dans toute l'Afrique.





Il est 8 heures du matin, le soleil commence à cogner. Nous sortons les parapluies chinois pour nous protéger. A midi, il fait 50°C : pendant quelques heures, la jungle devient silencieuse.


Flic floc.




Parfois, après que l'aube a terminé de déployer ses plus flamboyantes couleurs, on s'emmerde sur la pirogue.


Elles tiennent le fil conducteur de mon histoire.


Ils ramènent des feuilles de manioc pour le dîner.


Séance télé. Tout le village se réunit devant un écran alimenté par un générateur (qui pétarade vingt mètres plus loin).

Une ombre chinoise.


Un futur chef.

Retour de chasse. Il a tué trois singes ce matin, qu'il fait boucaner au-dessus du feu pour les conserver. Il a fabriqué lui-même son fusil.


The good vibes.

Elle nous a cuisiné du porc-épic, elle a quatre enfants.

Il a passé trois ans à Kisangani, la grande ville, 300 km en aval. Et puis il est rentré au village : il préfère la vie d'ici.


Working class heroe.

Il est chercheur de diamant et il ne faut pas le chauffer, OK ?

Non, ce n'est pas un évadé déguisé en nurse pour échapper à la police.

Une escale.


Ubundu. Il y aura du macaque au déjeuner.
Elles posent devant les Stanley falls, ces rapides qui rendent impossible la poursuite de la navigation. Stanley a mis cent jours pour les franchir, avec son armada de deux cents hommes.


Jeanne, officier de la Délégation Générale des Migrations. Elle a inscrit au marqueur le sigle DGM sur sa chemise bleue. Comme tous les fonctionnaires du Congo, elle est rémunérée par les "motivations" qu'on veut bien lui donner...


Panne de moto, pile sous l'équateur. Un léopard nous a repéré.


(Non, nous ne sommes pas à Roland-Garros).




Chutes Wagenia, à l'entrée de Kisangani. Les pêcheurs plongent leurs casiers deux fois par jour dans le tonnerre des rapides.


Belange. Elle s'ennuie à Kisangani. Pour s'occuper, elle écrit des romans à l'eau de rose sur ses cahiers de brouillon.


Le vieux chapeau. (The old chap)


Il est toujours impeccablement sapé.



Abeli et sa famille. Il est infirmier, mais il n'y a pas de travail. La plupart des hôpitaux n'ont pas d'argent pour rémunérer leur personnel. Kasongo cire ses chaussures à l'arrière. Hier, nous avons passé la soirée dans les géôles des services de sécurité.


Il l'a fabriquée lui-même.


Au bar !


Sur le port de Kisangani. Le Kotakoli est à quai depuis deux semaines. Nous attendons son improbable départ.


Séance télé sur le quai. Tous les soirs, nous branchons le générateur pour regarder les matches de la Coupe d'Afrique des nations et les moustiques viennent nous piquer les chevilles. Kinshasa, la capitale congolaise, est à 1700 kilomètres. Le départ de la barge est quotidiennement reporté.


Ensuite, nous dormons au pied des entrepôts, en écoutant des chansons religieuses à la radio.


La barge a fini par lever les amarres. Il faut compter dix jours pour relier Kisangani à Kinshasa.


C'est l'équipée sauvage.

La cuisinière.

Il est militaire, il rentre du front du Kivu. Là-bas, la guerre semble ne jamais s'arrêter. Il faut dire que c'est la région la plus riche en ressources minières : diamants, or, cassitérite, coltan, etc.


Il prêche tous les matins à l'aube, pendant deux heures. Le porte-voix sert à se faire entendre de tous les passagers.





Mon copain Hercule. Dans deux semaines, il sera vendu comme animal de compagnie à Kinshasa. Finies les cabrioles dans la jungle.


Ah ! Si vous connaissiez ma poule...


Escale à Mbandaka. Chaque parcelle est balayée plusieurs fois par jour pour éloigner les éventuels serpents.

Elle voudrait vivre en Europe.



A la dure !


Le Maman Zalima.




Ils trafiquent de l'alcool à l'avant du bateau.


Berry voudrait faire du cinéma. Il a un projet de film. Il a l'ambition de lancer ce qu'il appellera "la nouvelle vague du film congolais".



Cinquante francs (congolais) la coupe de cheveux. C'est toujours ça de gagné.



A bord, les journées sont rythmées par la toilette, que l'on fait à l'arrière du bateau, en puisant l'eau rousse du fleuve.

Pendant ce temps, les femmes se la coulent douce au soleil.



Elle est pasteur, elle nous lit un passage de la bible.


Un oeil dans le rétroviseur.

Je me prends pour Marlow, le héros de Joseph Conrad, rentrant du Coeur des ténèbres à bord de son vapeur à roues.

Matadi. On voit le Congo-Brazzaville en face.



Tiercé gagnant.


Il est pasteur. Il a chaussé ses plus belles bottines pour son retour à Kinshasa.


Dernière nuit à bord.

Kinshasa. Le Maman Zalima est arrivé à bon port. Le gérant impose une prière collective pour remercier le seigneur de nous avoir protégé tout au long du trajet. Les accidents de barge sont fréquents, plusieurs centaines de passagers périssent tous les ans.


Intérieur, Kinshasa. Nous sommes chez un avocat qui 'appelle Innocent. Dans sa chambre, il range toute sa garde-robe au-dessus de son lit. Et une photo de sa fiancée, qui est la voisine d'en face.



Intérieur, Kinshasa.


Boma, sur l'embouchure du fleuve Congo. Un cargo s'en va vers l'Atlantique, les soutes chargées du bois de la forêt.





Un extrait du livre

Chapitre 10
EN PIROGUE

(...) LA TEMPÉRATURE DE L'AUBE dépasse les 25 degrés, mais
Hilaire garde son vieil anorak. «Nous sommes un peu fri-
leux, au Congo», concède-t-il. Il descend à Kowé, deux cents
kilomètres plus bas, où s’est installée une compagnie
minière américaine. Il espère y trouver du travail, pour lui et
pour son neveu Idumbo qui voyage avec nous. Sa femme
l’accompagne également, et leur plus jeune fille, et ses deux
enfants. La dernière passagère s’appelle Jeanne. Elle rentre à
Lowa, un autre village en aval de Kowé. Elle transporte une
quinzaine de bassines chinoises, qu’elle revendra avec un
petit bénéfice. Je suis le seul à voyager pour mon agrément,
des bestioles grosses comme des mouches viennent me dar-
der les mollets.

La chaleur monte, en sourdine, Hilaire fini par enlever son ano-
rak. Nous croisons une pirogue de pêcheurs, ils nous mon-
trent leurs prises. Les femmes négocient un prix et nous
repartons avec deux beaux poissons encore frétillants.
Le flic floc se mélange aux murmures de la forêt, qui se
répondent d’une berge à l’autre. Cette fois, c’est sûr, nous
sommes au cœur de la jungle. Dans ses poumons. Dans ses
viscères. La vraie jungle, avec les lianes et les singes, avec la
végétation dense, sombre, encombrée, massée jusqu’au plus
près du fleuve. Je m’émerveille pour un oiseau vermillon ou
pour un arbre haut comme quarante hommes. Tout
m’exalte, je prends des notes sur mon carnet, je tente de
maladroites comparaisons et j’écrase un insecte avec le dos
de mon crayon. Un nouveau village apparaît au détour
d’une courbe paresseuse. (...)